Le normannique est une langue à accent initial. Cela signifie que la première syllabe du mot est prononcée de manière plus insistante, comme dans l'italien "basta!".
La graphie du normannique est un compromis entre les graphies scandinaves et la graphie française. Elle comporte les lettres suivantes :
Aa Bb Cc Dd Ee Ff Gg Hh Ii Jj Kk Ll Mm Nn Oo Œœ Pp Rr Ss Tt Uu Vv Xx Yy
La prononciation de la langue est conforme à l'évolution des mots vikings en Normandie. L'orthographe présente toutefois quelques irrégularités qui permettent de maintenir une proximité graphique entre le normannique et les autres langues scandinaves.
À l'exception du u, les voyelles normanniques se prononcent le plus souvent comme les voyelles du français. Les règles spécifiques au normannique sont marquées à l'aide de ❗ dans le tableau suivant. Quelques exceptions concernant les mots grammaticaux n'y sont pas indiquées, mais elles seront mentionnées dans la suite de la grammaire.
Les consonnes du normannique se prononcent généralement comme en français. Les cas particuliers sont signalés par ❗.
La grammaire des noms normanniques est très semblable à celle du français. Le substantif possède seulement deux formes à l'écrit : le singulier et le pluriel.
Le nom peut être précédé de l'article en 'un', den 'le' ou de 'les'. Le pluriel indéfini (🇫🇷 'des') n'est en revanche précédé d'aucun article. Les articles sont les mêmes pour tous les noms : il n'existe pas de genre en normannique !
Pour exprimer une quantité indénombrable de quelque chose (ex : 'de l'eau'), le normannique emploie le nom au singulier sans article. Par exemple :
Der er vatre a den golv 'il y a de l'eau sur le sol'
La forme du génitif, qui permet d'exprimer l'appartenance (ex : 'le chien de Jean'), est moins utilisée en normannique que dans les autres langues germaniques.
Les noms propres masculin font leur génitif en -s, tandis que les noms propres féminin ont leur génitif en -e. Tôrstens hund, Gunnore katt
L'appartenance des noms communs s'exprime plus aisément à partir des prépositions av et til.
den hund av min far 'le chien de mon père'
den katt til min mor 'le chat à ma mère'
La forme du génitif reste toutefois possible. Certains noms singuliers ont leur génitif en -s et d'autres en -e. Tous les noms pluriels font leur génitif en -e.
L'adjectif s'accorde avec le nom devant lequel il est généralement placé. La marque du pluriel est un -e muet, optionnel après un a et proscrit après un autre e.
Lorsqu'il est associé à un substantif précédé par un article défini (ex : 'le'), un démonstratif (ex : 'ce') ou un possessif (ex : 'mon'), l'adjectif revêt systématiquement une forme définie semblable à la forme du pluriel.
Les adverbes sont généralement dérivés à partir d'adjectifs auxquels on ajoute le suffixe -t. Les adjectifs qui se terminant par une voyelle ne prennent pas de suffixe.
Certains adverbes marginaux peuvent être construits à l'aide du suffixe -e, notamment lorsque la base adjectivale se termine par -leg.
Enfin, certain adverbes ne sont dérivés d'aucun adjectif.
Les adverbes de lieu méritent une attention particulière, car ils ne s'écrivent pas de la même manière selon qu'il expriment une direction, une position ou une origine.
Pour exprimer la position ou l'origine sans ambiguïté, il est possible d'utiliser la forme en -en de l'adverbe précédée ou suivie respectivement de for ou de frâ.
Le comparatif (ex : 'plus') et le superlatif (ex : 'le plus') sont formés comme en anglais. La plupart des modificateurs adoptent les terminaisons -ere (-re) et -est (-st) sur la base radicale. Certains modificateurs sont simplement précédés des adverbes mere et mest.
Quelques modificateurs ont une forme irrégulière au comparatif et au superlatif.
Les formes du verbes sont : l'infinitif, l'impératif, le présent, le passé, les participes passé et présent, le subjonctif et le conditionnel. L'infinitif, l'impératif et le participe présent sont réguliers, mais la construction des autres formes peut varier selon la classe du verbe (faible I, II, III ou fort).
Il existe enfin deux verbes auxiliaires (vere et have) ainsi qu'une courte liste de verbes modaux ayant une conjugaison particulière.
Toutes les classes de verbes ont leur infinitif en -e. À moins qu'il ne soit précédé d'un verbe modal, l'infinitif est précédé de la particule a. Par exemple :
han vil drikke 'il veut boire'
han far a drikke 'il va boire'
A drikke er godt for hanom 'boire est bien pour lui'
L'impératif singulier (ex : 'mange !') se forme à partir de l'infinitif en omettant la terminaison -e. L'impératif pluriel (ex : 'mangeons !, mangez !') est quant à lui identique à la forme de l'infinitif.
Le participe présent est toujours formé à l'aide de la terminaison -ande ajoutée à la base de l'infinitif. Il est invariable.
Les auxiliaires sont des verbes qui permettent de former des temps composés sans modifier le sens du verbe principal. Ils ont une conjugaison irrégulière.
L'auxiliaire vere 'être' a la conjugaison suivante :
L'auxiliaire have 'avoir' se conjugue comme suit :
Les auxiliaires modaux servent à nuancer le sens lexical d'un verbe en le présentant comme possible, souhaitable ou obligatoire. Ils n'ont pas de forme impérative et ils introduisent un verbe infinitif sans utilisation de la particule a. Il existe quatre auxiliaires modaux : kunne (pouvoir), ville (vouloir), skulle (devoir), mone (auxiliaire futur).
du vil drikke bjer 'tu veux boire de la bière'
du skal drikke bjer 'tu dois boire de la bière'
du kann drikke bjer 'tu peux boire de la bière'
Le verbe kunne 'pouvoir' se conjugue de la façon suivante :
La conjugaison du verbe ville 'vouloir' :
La conjugaison du verbe skulle 'devoir' :
Les verbes faibles de type I et II forment leur présent en -er, sauf aux 1e et 2e personnes du pluriel dont les formes sont identiques à celle de l'impératif pluriel.
Les verbes faibles de type III forment leur présent de la même manière que l'impératif.
Il existe également un présent pronominal se terminant par -es chez les verbes de type I et II, tandis que les verbes de catégorie III sont une terminaison -s hormis aux 1e et 2e personnes du pluriel qui utilisent -es.
Les verbes forts forment leur présent comme l'impératif : seules les 1e et 2e personnes du pluriel ont une terminaison -e. Les formes restantes se contentent du radical.
Les formes du passé et du participe passé des verbes faibles varient. La première catégorie construit ces deux formes à l'aide de la terminaison -e.
La deuxième catégorie de verbes construits ces deux formes en -ed.
La troisième catégorie construit son passé en -de et son participe passé en -d.
La quatrième catégorie construit son passé en -te et son participe passé en -t. Il s'agit le plus souvent de verbes sont le radical se termine pas une consonne sourde.
Les verbes forts ont un radical irrégulier au passé et au participe passé. Le passé n'a aucun suffixe. Le participe passé se termine quant à lui toujours par -en.
Le conditionnel des verbes faibles des classes I et II est identique à la forme du passé. Ainsi, la phrase suivante peut avoir deux interprérations :
han skrilled 'il glissait/glissa'
han skrilled 'il glisserait'
En revanche, les verbes faibles de classe III ont un conditionnel formé à partir de la base de l'infinitif à laquelle on ajoute la terminaison -de ou -te du passé.
Le conditionnel des verbes forts est formé par modification du radical et ajout de la terminaison -e.
Le subjonctif des verbes lexicaux est identique au présent. Il n'existe de forme spécifique du subjonctif que pour les auxiliaires et les verbes modaux.
Le futur n'existe pas en temps que forme verbale. Son expression passe par une construction basé sur l'auxiliaire mone. Ce dernier se conjugue de la façon suivante :
Le verbe décrivant l'action à venir est placé à l'infinitif après l'auxiliaire, comme dans le français 'il va pleuvoir'. Par exemple :
han mon snede 'il mangera'
ho mon vinne'elle travaillera'
det mon sne 'il neigera'
Il est également possible de remplacer mone par un auxiliaire modal ou un verbe de mouvement afin d'exprimer une nuance spécifique.
Le verbe ville exprime une intention ou une prévision :
ho vil se den Tour Eiffel 'elle va voir la Tour Eiffel'
Le verbe skulle exprime un devoir ou une action plannifiée :
eg skal vinne manedag 'je travaillerai lundi'
La construction kome a exprime une conséquence ou une fatalité :
det kom a regne 'il pleuvra'
La construction fare a exprime une action immédiate :
han far a hoppe 'il va sauter'
Enfin, l'action future peut être exprimée à l'aide d'un verbe simple au présent lorsque le contexte ne laisse aucun doute sur sa temporalité. Par exemple :
Ho kom i morgen 'elle vient/viendra demain'
L'utilisation de compositions verbales permet d'exprimer un grand nombre de nuances temporelles. La première de ces nuances est celle qui réside dans l'opposition entre l'imparfait et le parfait. L'imparfait est une action vue dans sa durée, tandis que le parfait est perçu comme une action terminée. Ce dernier se construit principalement à l'aide de l'auxiliaire have suivi du participe passé singulier.
Les verbes de transition ou de déplacement peuvent aussi former le parfait à l'aide de l'auxiliaire vere.
D'autres constructions permettent de focaliser le propos de la phrase sur une étape spécifique du déroulement de l'action.
Le passif normannique se construit à l'aide d'un participe passé précédé de l'auxiliaire vere. Le participe passé s'accorde avec le sujet :
den mûs er eten av den katt 'la souris est mangée par le chat'
de mûs er etne av den katt 'les souris sont mangées par le chat'
L'auxiliaire vere peut être remplacé par le verbe verde 'devenir' pour focaliser la phrase sur le déroulement de l'action et non sur son résultat.
den bok verd skriven 'le livre est (en train d'être) écrit'
den bok er skriven 'le livre est (finalement) écrit'
Enfin, il est possible d'exprimer la voix passive au présent à l'aide des suffixes pronominaux -es (verbes faibles I et II) ou -s (verbes faibles III et verbes forts) :
denne ord vrits med en E 'ce mot s'écrit/est écrit avec un E'
La négation s'exprime à l'aide d'un adverbe négatif. Il existe trois formes possibles. La forme ekke correspond au français 'ne ... pas' et se place après le verbe.
han sover ekke 'il ne dort pas'
La forme ege correspond au français 'pas' lorsque ce dernier ne peut pas être accompagné de 'ne'.
kom du eller ege 'tu viens ou pas'
La forme composée ne ... ege appartient au langage soutenu.
ho ne vet ege 'elle ne sais guère'
Il est également possible d'exprimer des nuances de temporalité à l'aide des constructions ekke lengre 'ne plus' et ekke enne 'pas encore'.
Les pronoms personnels peuvent avoir trois rôles distincts : sujet, objet direct et objet indirect.
Les pronoms objets de troisième personne ont également une forme réfléchie seg 'se' lorsqu'ils font référence au sujet de la phrase.
Enfin, les pronoms qui suivent une préposition, un verbe à l'impératif positif ou qui ne sont pas directement associés à un verbe prennent la forme de l'objet indirect.
Les principaux pronoms indéfinis du normannique sont indiqués dans le tableau suivant.
Un certain nombre d'adjectifs peuvent également être employés comme pronoms indéfinis : marge 'plusieurs', fa 'peu', visse 'certains', hver 'chacun', andre 'd'autres', etc.
Les démonstratifs peuvent des pronoms ou des déterminants. Les seuls démonstratifs qui ne peuvent pas faire office de déterminants sont det et dette.
Les autres démonstratifs peuvent être employés comme pronoms ou comme déterminants.
Il existe enfin deux pronoms démonstratifs marginaux ne pouvant avoir le rôle de sujet : dess 'en' et di 'y'.
Les possessifs peuvent être utilisés comme pronoms ou comme déterminants.
Les interrogatifs du normannique sont présentés dans le tableau suivant.
Les interrogatifs permettent également de construire des conjonctions indéfinies.
Les subordinateurs sont les éléments qui permettent d'introduire une phrase subordonnée. Les principaux subordinateurs sont présentés dans le tableau suivant.
Les principales conjonctions de coordinations sont présentées dans le tableau suivant.
Certaines conjonctions, dites corrélatives, se placent au début de chaque proposition conjointe.
Les principales prépositions sont listées dans le tableau suivant avec leurs interprétations spatiale, temporelle et autre.
Quelques prépositions construites à partir d'un adverbe et de for ont un sens exclusivement spatial.
D'autres prépositions composées existent, dont les plus usuelles sont indiquées ci-dessous.
Lorsqu'une proposition est liée à un interrogatif ou un subordinateur, elle est généralement placée à la fin de la phrase. Par exemple :
hvat mele I om ? 'de quoi parlez-vous ?'
den bord hver de salt finns â 'la table sur laquelle se trouve le sel'
Les nombres de 1 à 10 sont présentés dans le tableau suivant.
Les nombres de 11 à 20 sont en partie dérivés des précédents.
Les nombres jusqu'à 99 sont réguliers. Les nombres 100 et 1000 ont un ordinal en -est.